La Belle sans chemise
L’histoire se passe à Lyon. Angélique, 19ans, est envoyée dans un couvent par sa mère. Initialement, elle résiste.
Cent duretés de cette nature n’étant pas capables de changer le cœur d’Angélique, cette mère déraisonnable s’avisa d’un dernier moyen, qui fut d’aller tenter son confesseur, qu’elle conjura de vouloir engager sa fille à lui obéir et à prendre le voile._
Mais elle finit par accepter:
En effet, elle venait voir tous les jours ce bon père [père Stanislas], et ce fut par les puissantes exhortations de cet habile homme, jointes aux mauvais traitements qu’elle éprouvait de la part de sa mère, que cette fille conçut l’aversion pour le monde et se résolut de céder à la persécution. Angélique prit donc enfin le parti de la retraite et alla postuler chez les Ursulines, où elle fut reçue au nombre des novices et fit profession l’année du noviciat expirée.
Elle prend les voeux, mais le regrette tout de suite.
Elle n’eut pas plus tôt prononcé les vœux que la nécessité lui faisait faire qu’elle s’en repentit, ainsi qu’elle me l’a raconté elle-même dans le récit fidèle qu’elle m’a fait de ses aventures. Elle devint la proie d’un chagrin étonnant, qui lui faisait avoir tous les exercices réguliers en horreur, en sorte que toutes les pratiques du cloître lui devinrent un supplice.
Angélique sombre dans la mélancolie. Le Père Stanislas a des sentiments pour elle, et voudrait lui rendre sa liberté.
Angélique, que la mélancolie dévorait, tomba malade jusqu’à garder le lit. Notre jésuite fut introduit dans sa chambre, pour lui apporter tous les secours nécessaires dans l’extrémité où une fièvre lente l’avait réduite. Ce fut lorsque la communauté se fut retirée pour laisser lieu à leurs secrets entretiens, qu’Angélique osa témoigner à son directeur qu’il répondrait devant Dieu de la violence qui lui avait été faite ; qu’elle n’avait jamais eu de véritable vocation, et qu’il était obligé en conscience de lui procurer sa première liberté. Ce discours, qu’elle accompagnait de quelques larmes et d’une certaine langueur, aurait eu des charmes pour notre jésuite, quand elle ne l’aurait pas animé par l’exposition de quelques nudités capables d’allumer les flammes dans le cœur des plus insensibles.
[…]